29 mars 2012
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Boléro © Jean-Louis Lassez
Après l'incident que j'évoquais hier, Toscanini et Ravel finiront par se réconcilier, mais Ravel ne changera jamais d'avis sur l'interprétation du morceau. Interrogé plus tard à ce sujet par un journaliste, il déclarera : « le Boléro doit être exécuté à un tempo unique du début à la fin, dans le style plaintif et monotone des mélodies arabo-espagnoles. (...) Les virtuoses sont incorrigibles, plongés dans leurs rêveries comme si les compositeurs n’existaient pas. »
Et le public, que devient-il dans cette affaire ? Eh bien, il exprime lui aussi librement ses opinions sur les musiciens. Lors de la première orchestrale du Boléro, dirigée en janvier 1930 par Ravel en personne, une dame se cramponnait à son fauteuil en s’écriant : « Au fou ! Au fou ! » Le frère de Ravel assistait à la scène, et quand il la lui raconta, Ravel aurait dit : « Celle-là, elle a compris ! »
Mais compris quoi ? Peut-être que Ravel chef d'orchestre n'était pas d'accord avec Ravel compositeur concernant le fameux tempo. L'enregistrement du Boléro qu'il réalisa en cette même année1930 met la noire à une valeur proche de 60, alors que la partition l'indique à 72.
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Lu - vu - entendu...
28 mars 2012
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Arturo Toscanini a toujours eu ses idées à lui sur les tempi.
En 1898, le jeune chef d'orchestre doit créer les Quatre Pièces Sacrées de Verdi. Quelque chose le préoccupe : dans le Te Deum, certains ralentis lui semblent s'imposer, que le compositeur n'a pas notés sur la partition. Au cours d'une visite qu'il rend à Verdi, à son domicile, celui-ci le prie de lui montrer, au piano, la façon dont il entend interpréter l'oeuvre. Toscanini, arrivant au passage où il l'estime nécessaire, joue rallentando. Verdi l'interrompt en s'exclamant : « - Bravo ! » « - Ah ! Maître, dit Toscanini, j'avais si peur... Mais pourquoi n'avez-vous rien indiqué ? - Parce que si j'avais marqué ce ralenti, on l'aurait exagéré. Un bon musicien doit le faire exactement comme vous, sans avoir besoin de le voir écrit. »
C'est peut-être de ce jour que Toscanini fut persuadé d'avoir toujours raison. Bien des années plus tard, en mai 1930, à la tête du Philharmonique de New York, il dirige à l'opéra Garnier le Boléro. Ravel assiste au concert. C'est un triomphe, le public est debout, mais Ravel, ostensiblement, reste assis : Toscanini a joué la partition trop vite. Peu après, en coulisses, le compositeur s'explique vertement avec le chef d'orchestre : « - Vous avez pris un tempo deux fois trop rapide ! Et non content de cela, vous accélérez dans le final ! » Et Toscanini, superbe, de répliquer : « - Monsieur, vous ne comprenez rien à votre musique ! »
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Lu - vu - entendu...
27 mars 2012
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"Lower Bottom" (détail) © Charlotte Yonga
Il se tient à Bagatelle, sous le titre de Circulation(s), un festival de la jeune photographie européenne. Les artistes sélectionnés exposent des "séries". L'une d'elles, consacrée à un bas-quartier d'Oakland dénommé Lower Bottom, dans l'agglomération de San Francisco, est l'oeuvre de Charlotte Yonga. Parmi quelques portraits saisissants, elle signe celui de cette femme, dont j'ai pris le détail de la tête en gros plan.
Il se dégage de ce visage un extraordinaire mélange d'étrangeté, de noblesse, de force et de beauté. On lit dans le catalogue de l'exposition : « La recherche de Charlotte Yonga interroge le rôle du portrait au sein de l’image documentaire. Soucieuse de garder en mémoire un lieu et ceux qui l’habitent à un instant précis, elle aime observer cette situation, où une personne devenant modèle, adopte une posture singulière, entre son contexte habituel et l’objectif d’une inconnue ».
Singulière est aussi la confrontation de cette photo avec le cadre du jardin. Elle est installée au pied d'un Adonis de pierre d'un classicisme impeccable. Statue contre photo, ancien contre moderne, gris contre couleur, homme blanc contre femme noire, nudité contre mauvais goût : le contraste des deux figures est parfait.
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Lu - vu - entendu...
26 mars 2012
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J'ai déjà parlé de notre projet de festival à Amou. Les choses avancent bien. Mon ami Kikko, après un court séjour sur place où il s'est imprégné de l'atmosphère du lieu, a livré un projet de création graphique que les membres de l'association Chansons et Mots d'Amou ont approuvé avec chaleur, et même enthousiasme.
Pour le mettre en situation, il a réalisé le photomontage ci-dessous, dans lequel ses kakémonos entourent virtuellement les arènes du village. Le maire a trouvé toutefois qu'il manquait des feuilles aux arbres. Comme je lui indiquais que c'était normal, vu que la photo avait été prise en février, il m'a fait valoir, à juste titre, que s'il était possible d'y ajouter des affiches, on devait tout aussi bien pouvoir y ajouter du feuillage.
Pour adhérer à l'association : me contacter (cf lien contact tout en bas de cette page). La cotisation annuelle est de 15 €.
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Le fil des jours
24 mars 2012
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07:23
Mongolie © Lorraine Creaser
Nos vies sont devenues si longues et nos raisons si courtes
Qu'on ne sait rien du monde où l'on va finir par échouer
On est tous des tartares face la steppe avec nos yourtes
On est tous des corsaires avec l’océan à braver
Pas de mode d’emploi pas de cartes pas de repères
Jetés – démerdez-vous !- dans les nuages et les réseaux
Les vastes et beaux récits que se transmettaient nos grands-pères
Ne nous disent plus rien devant ces horizons nouveaux
On a perdu le nord l'orient le cap et la boussole
Nos vies sont traversées par un grand crépitement d’ondes
Des hordes d’avatars couvrent la Terre de signaux
Des électrons bavards se posent en maîtres du monde
Des fragments de virtuel ont pris greffe sur nos cerveaux
Où voulons-nous aller ? Quelle est désormais notre histoire ?
Qui, sous le ciel éteint, nous indiquera le parcours ?
Quel algorithme fou viendra fouiller notre mémoire ?
Et quel joueur de flûte exhumera des mots d’amour ?
On a perdu le nord l'orient le cap et la boussole
Je signale aux Parisiens l'exposition "MONGOLIE", photographies de Lorraine Creaser, d'où est tirée l'illustration de cet article.
A voir à la galerie B&B, 6 bis rue des Récollets 75010 Paris jusqu'au 25 mars 21h.
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Nouvelles chansons
23 mars 2012
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Mes chansons passent quasiment toutes par ce que je pourrais appeler un stade gueuloir (au sens de Flaubert) : je suis avec ma guitare (ou, plus rarement, face à mon piano), ma voix s'accorde à l'instrument, puis arrive un début de musique sur lequel des mots me viennent en bouche. Cela donne des pistes, des embryons de chansons.
Si un jour on fouille mes affaires, on ne trouvera pas beaucoup d'ébauches sur du papier ; mais sur de vieilles cassettes, ou des minidiscs, ou maintenant sous forme de fichiers audio dans mon ordinateur ou même dans mon iPhone, on en trouvera des centaines - sans compter les milliers que je n'ai pas enregistrés, ou que j'ai effacés, ou perdus.
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Le fil des jours
22 mars 2012
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Un urologue américain à l'esprit commercial vient d'avoir l'idée de développer son business en proposant une pizza gratuite à tout patient qui déciderait de subir une vasectomie (source: Cape Cod Times).
Stérilisation contre nourriture : la chose se pratiquait naguère en Inde, où l'on a longtemps souffert de la faim. Aux USA, c'est plus inattendu. Mais toutes les idées sont bonnes pour essayer d'augmenter le chiffre et le profit.
Suggérons à ce praticien de passer un accord avec le pizzaiolo local, lequel pourrait en retour offrir une vasectomie à tout acheteur mâle d'une margharita ou d'une quatre-saisons.
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Le fil des jours
21 mars 2012
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Matisse Tête de femme entourée de fleurs
Un ami enterre sa maman. Il prend la parole à l'église, sa voix est claire et sereine : « - Je voudrais vous dire comment était ma petite maman : elle était gaie, belle, intelligente, et bonne. En repensant à sa longue vie, quelque chose me frappe : jamais je ne l'ai entendue dire du mal de quelqu'un. En fait, je crois même que jamais elle n'a pensé du mal de quelqu'un... »
Ne voir des gens que ce qu'il y a de bon en eux : quelle meilleure leçon de vie en commun, quelle meilleure façon de se disposer au bonheur ?
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Le fil des jours
20 mars 2012
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Un drame de la haine s'est produit à Toulouse et à Montauban. Mais c'est surtout un drame de la bêtise, dans son caractère le plus effroyable. Tout commence dès qu'on se met à juger les gens d'après les étiquettes que l'on colle sur leur communauté. Ici les juifs, les musulmans, les roms, ailleurs les cathos, les blancs, les français. Les individus sont alors assimilés aux préjugés et aux fantasmes qu'on entretient sur leur religion ou leur origine. On oublie les personnes. On ne voit plus que leur caricature, on les a revêtus des habits du mal. Après, chez les psychopathes ou les faibles d'esprit, peut commencer le jeu video.
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Le fil des jours
19 mars 2012
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Je me suis assis à la terrasse d'un café, j'ai posé par terre à côté de ma chaise mon casque et un petit sac à dos. La personne avec laquelle j'avais rendez-vous est arrivée. Nous avons parlé de chant en entreprise. Cela a duré un peu plus longtemps que prévu. Il faisait beau.
Lorsque la conversation s'est terminée, j'ai ramassé mes affaires. Mon sac à dos était ouvert. J'y transportais quelques papiers, un pull et un camescope, dont je m'étais servi dans la matinée lors d'une séance de travail sur la prise de parole. Le camescope avait disparu.
J'en informe le serveur, qui me dit : - Ah ! Il y avait un homme qui s'est assis un moment à la table juste derrière vous. Il a commandé un orangina. Il l'a réglé tout de suite. Quelques minutes plus tard, j'ai vu qu'il était parti, sans l'avoir bu.
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Le fil des jours