Picasso avait dit : « Quand je n'ai plus de bleu, je mets du rouge ». Et Matisse, quand il ne pouvait plus se lever, mettait une rallonge à son pinceau.
Ils ne se laissaient pas contraindre par des contingences. Gloire leur soit rendue.
Arbon
Le 9 mai à 21h00
Le café parisien
21210 SAULIEU
Réservations cafeparisien@wanadoo.fr
www.cafeparisien.net
Le 18 mai à 21h00
Acropolis Hill
7 rue Mousson ATHENES (Grèce)
Le 29 mai à 20h00
Quinze ans du Diable Vauvert
Rockstore
20 rue de Verdun 34000 MONTPELLIER
Le 6 juin à 20h30
Le caveau
42 grand'rue 57050 LORRY-LES-METZ
http://lecaveau.com.over-blog.com/
Le 16 juin à 20h30
New Morning
7-9 rue des petites écuries 75010 PARIS
www.newmorning.com
Le 8 août à 18h00
Festival Chansons et Mots d'Amou
Arènes 40330 AMOU
www.chansonsetmotsdamou.fr
contact : production@plasetpartners.com
La Fontaine / Brassens
le 12 août à 21h30
83320 CARQUEIRANNE
le 11 septembre à 21h00
Festival Eclats
La Halle 26220 DIEULEFIT
Contact Diffusion : Jean-Luc Grandrie
SEA ART
86 rue de l'Ecole 77720 BREAU
Tel : 01.64.38.70.91 Port : 06.31.16.31.78
E-mail : seaart@wanadoo.fr / jl.grandrie@gmail.com
« Les chansons d'Arbon sont intelligentes, fines, légères, secrètes, un peu comme la musique de Couperin, un peu comme du La Fontaine, un peu comme la poésie de Brassens. Et renouer avec cette tradition, avec une légèreté et une fraîcheur contemporaines, est d'une certaine manière un chef d'oeuvre. » (Michel Serres, de l'Académie française)
Picasso avait dit : « Quand je n'ai plus de bleu, je mets du rouge ». Et Matisse, quand il ne pouvait plus se lever, mettait une rallonge à son pinceau.
Ils ne se laissaient pas contraindre par des contingences. Gloire leur soit rendue.
Bonheur d'une maison de campagne aux armoires remplies de livres (ma mère et ma grand-mère ont, tout au long de leur vie, assuré une part non négligeable du chiffre d'affaires de l'édition française, tant qu'elles l'ont pu). J'y furetais hier au hasard, en quête d'une lecture, lorsque, m'arrêtant sur les Croquis de mémoire de Jean Cau, j'y lus cette phrase qui rendait un écho étonnant à mon article Ceux qui parlent : Socrate et Jésus paru le matin même :
« Rares sont ceux qui, après que l'on a écouté leur propos, résistent au traitement de l'écriture qui le fige. Séduction envolée, présence disparue, voix morte, on est souvent consterné. On croyait avoir été intéressé et l'on s'aperçoit que l'on n'a entendu que des mots...»
Et je songeais en effet qu'il y a, nombreux, ceux qui parlent, et, fort rares, ceux qui parlent vraiment. La plupart des gens parlent pour ne rien dire, ou dire peu. Ils gazouillent, pérorent, caquettent, juste pour montrer qu'ils existent, socialement. C'est une variante du divertissement pascalien. Tout le malheur de l'homme vient de ce qu'il ne sait demeurer tranquillement au repos, dans une chambre : il vient peut-être aussi de ce qu'il ne sait demeurer silencieux.
Naturellement, je me suis emparé du livre. Cau note, un peu plus loin : « le Moi qui se parle est haïssable. Il n'est digne d'être écouté que lorsqu'il y a en lui un chant ; que lorsqu'il se chante, en solitaire secret, et n'avoue aux autres qu'une musique. »
Chant de la grive solitaire : http://youtu.be/w9vHS6JdHog
Il faudra se demander un jour pourquoi les deux figures sans doute les plus extraordinaires de la civilisation occidentale ne se sont exprimées qu'oralement. Socrate et Jésus ont parlé. Ils n'ont pas écrit.
Leurs propos, bien sûr, ont été transcrits par leurs disciples, et grâce à cela nous les connaissons. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que s'ils avaient écrit eux-mêmes, leur enseignement n'aurait pas eu tant de poids. En parlant, ils agissaient corps et âme. Ils s'exprimaient dans un mode sensible. Leurs voix, leurs gestes, leurs regards, leur charisme, ont dû compter pour beaucoup dans la trace qu'ils ont laissée. S'ils s'étaient enfermés avec du parchemin et de l'encre, dans le silence d'une pièce, pour produire des livres, je doute que leurs pensées eûssent à ce point imprimé le monde.
Une incandescente qualité de présence devait irradier leurs discours. Une force que seul l'oral pouvait faire exister. Une cohérence complète entre verbe et chair. La puissance du verbe fait chair, et de la chair devenue verbe. Aucune séparation entre la pensée et la vie, mais au contraire une équivalence parfaite entre les deux. C'est cela qui a été entendu.
La littérature s'entend habituellement comme « l'usage esthétique du langage écrit ». Elle est à l'homme ce que les mathématiques sont à la nature : une manière de s'affranchir des contingences de la matière et des corps, une intellectualisation des histoires qui permet de les appréhender et de les transmettre avec une efficacité saisissante mais abstraite.
Depuis l'invention de l'écriture, l'un des enjeux de la musique (au sens de Socrate face aux fables d'Esope) et de la chanson est de renouer avec l'oralité du langage, c'est-à-dire avec ses origines : le rythme, le souffle, la voix, la vibration d'une onde, et autour (ou au coeur) de l'intelligibilité du texte, la dimension sensible des mots.
L'écrit est décharné, désincarné. A l'inverse, chanter est un acte dans lequel se rejoignent les sens et l'esprit. Mettez de la musique dans des mots, tirez des mots leur musique : chantez, et la chair se fait verbe. Chantez, et vous créez un peu de Dieu.
J'ai le plaisir d'informer les lecteurs de ce blog que je suis invité à participer à une soirée-débat intitulée « Se battre à l’heure de l’empathie ». Organisée par le Forum d’Action Modernités à l’occasion de la publication du second numéro de « Lignes de Front » (éditions Descartes & Cie), elle se déroulera le jeudi 15 mai à partir de 19h30 au Théâtre du Rond-Point à Paris.
« Quels sont les combats qui valent la peine de s’engager aujourd’hui ? Comment voulons-nous occuper notre futur ? » Pour débattre de ces graves questions, les intervenants sont (je recopie le programme) :
Jean-Pierre Arbon, chanteur● Etienne Chouard, professeur d’éco-gestion et blogueur actif depuis le référendum de l’anticonstitution européenne ● Le Collectif Manifestement, auteurs du Manifeste du Dégagisme ● Benoît Hamon*, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche● Antoine Lefébure, auteur de L’Affaire Snowden – Comment les Etats-Unis espionnent le monde ? ● Edgar Morin, sociologue ● Sakina M’sa, créatrice de mode engagée ● Valérie Peugeot, coordinatrice du rapport « Citoyens d’une société numérique » pour le Conseil national du numérique ● Florence Rizzo, co-fondatrice de Synlab● Isabelle Sorente*, écrivain ● Rémi Sussan, journaliste à InternetActu.net ● Vincent Touati Tomas, lycéen, podcasteur à Convergence Numérique ● Marie-Noéline Viguié, co-fondatrice de nod-A.
On ne s'attendait guère à me voir intervenir sur de tels sujets, ni en telle compagnie. (Je médite tout-à-coup fortement la phrase de mon grand-père professeur : « Que ceux qui n'ont rien compris expliquent aux autres ».) Mais ce n'est pas tout. Car dans le souci d'éviter à la discussion les classiques et redoutables écueils de la logorrhée ou de l'ennui, quelques performances artistiques sont prévues (je continue de recopier) :
Eva Ordonez au trapèze, Compagnie Oktobre ; de la magie avec Yann Frisch dans « Baltass » par la compagnie 14:20 ; une ronde de capoeira orchestrée par la compagnie Claude Basilio ; « Devenir des loups », une chanson de et par Jean-Pierre Arbon.
Et de deux ! Quelle soirée ça va être !...
L'entrée est libre. N'hésitez pas à vous inscrire :
http://www.forum-modernites.org/registration
*Sous réserve de confirmation
Un excellent petit bouquin sort cette semaine, dont je me permets de vous recommander la lecture. (Mes antécédents dans l'édition me donnent encore quelquefois le privilège de lire certains livres avant qu'ils n'arrivent en librairie.)
La lecture, c'est précisément le sujet du Liseur du 6h27. Ce subtil et original conte moderne a pour héros un homme dont le métier est de détruire les livres, car il commande à la Chose, la gigantesque broyeuse déchiqueteuse d'une usine de pilon. Or cet homme aimant lire, passionnément, il se désole d'occuper dans la chaîne du livre une place « qui est à l'édition ce que le trou du cul est à la digestion ». Comment, dans ces conditions, parvenir à conquérir un minimum d'estime de soi ?
Avant même d'avoir été publié, les droits de cet ouvrage ont déjà été vendus dans vingt-cinq pays. On savait que les éditeurs ont parfois tendance à se regarder le nombril ; on découvre en la circonstance qu'ils peuvent aussi s'emballer (à raison) pour ce qui se passe plus bas encore dans l'anatomie de leur métier.
Le liseur du 6h27, de Jean-Paul Didierlaurent, Editions au Diable Vauvert, 16€.
« Maintenant et à l'heure de notre mort », dit la prière, et l'on pense habituellement les deux moments comme bien distincts. Mais quelle épaisseur, réellement, les sépare ? Et quelle serait la meilleure mesure de cette distance ? Un nombre de jours et de nuits, ou d'années ? Une somme de battements de cœur ? Ou, déterminé par le nombre de fois qu'il nous reste à emplir et vider nos poumons, jusqu'à l'expiration finale - le dernier souffle -, un volume d'air ?
Lorsque j'arrive pour la voir, Maman est assoupie. Je m'assieds tout près d'elle sans faire de bruit, et je pose délicatement ma main sur son front et sa joue. Elle tressaille et dit, sans ouvrir les yeux, d'une voix émue: - Merci ! Merci... Vous ne pouvez pas savoir le bien que vous me faites en ne me considérant pas uniquement comme une chose que l'on soigne...
Puis elle tourne la tête, cherche à apercevoir l'infirmière ou l'aide-soignante qui a eu ce geste de compassion. - Ah ! C'est toi... Etonnée, et pas étonnée, elle sourit.
C'est aujourd'hui son anniversaire. Hier, je lui ai demandé si elle savait quel âge elle allait avoir. - Je suis née le 2 mai 1925, me répond-elle. Deux cinq vingt-cinq. Mais ne me fatigue pas à me demander de faire des calculs.
Depuis que j'ai écrit Des mots d'amour et des chansons, je pense que c'est le titre qui convient parfaitement pour clôturer mon prochain disque. Je la veux nue, simplement guitare voix, afin qu'elle contraste avec les chansons de l'album qui l'auront précédée.
Mais dans sa première version, elle était trop longue. Sa durée venait en contredire la légèreté : il fallait la raccourcir. C'est chose faite. La chanson dure désormais 2mn.
Des mots d'amour et des chansons
C'est bien là tout le nécessaire
Tout ce dont nous nous nourrissons
Des mots d'amour et des chansons
Pleins de gaité sans illusion
Nous avons quitté la carrière
Renoncé à toute ambition
Sauf pour l'amour et les chansons
Les années nous les traversons
En solfiant à notre manière
Plaisir d'amour Satisfaction
Alleluia et C'est si bon
Nous entonnons sur tous les tons
Tant des flonflons que des prières
Nos voix font entendre des sons
Inouïs dans notre canton
Solo
A dégoiser façon pinson
A moduler tels des trouvères
Les madrigaux et les blasons
On s'expose au qu'en dira-t-on
Eh bien tant pis ! Nous nous aimons
Nous roucoulons la belle affaire
Jusqu'au bout nous fredonnerons
Des mots d'amour et des chansons
(Ci-après, une version de travail, brut d'iPhone...)
Mots d'amour et chansons-290414
par arbon
La Fontaine / Brassens est un spectacle dans lequel dialoguent par-delà le temps deux des figures les plus populaires du répertoire français.
Mêlant leurs voix jusqu’à parfois les confondre, les deux auteurs évoquent tour à tour l'amitié, l'amour, l'argent, la gloire, la mort, le pouvoir, les idées, la bêtise, et posent sur « l’ample comédie » des hommes un regard semblablement empreint de ce qu’on pourrait appeler une « gaîté française », c’est-à-dire une humeur libre, amusée, pleine de fantaisie, spirituelle et sans illusion.
Marie Christine Barrault et moi aurons la joie de vous les faire entendre à nouveau le 3 juin prochain à l'Européen. Infos et réservations par téléphone 01 43 87 97 13, et ici : http://www.leuropeen.info
Qu'on se le dise !