29 janvier 2014
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07:22
Deux dames sont au restaurant. A en juger par leur embonpoint, elles aiment bien manger. D'ailleurs, ayant chacune commandé un plat en sauce, elles n'en laissent rien.
Leurs assiettes dûment nettoyées, et leurs couverts posés dedans : - C'est terminé, Mesdames ? les interroge le serveur d'une voix forte. On ne perçoit pas le moindre second degré dans sa remarque.
Le ton est autoritaire, et l'une des clientes, se sentant prise en faute, rougit, s'inquiète, vérifie d'un regard affolé son assiette, y avise une ultime trace de nourriture, et l'avale sur un bout de pain.
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Lu - vu - entendu...
28 janvier 2014
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L'affaire Hollande-Gayet, le triomphe de Daft Punk aux Grammy Awards : à la lumière de l'actualité récente, je ne serais pas étonné que le casque devienne extrêmement tendance en France dans les mois qui viennent.
Notons cependant que si les Français les plus illustres sont désormais casqués, les autres casquent, comme d'habitude, et là, malheureusement, rien de nouveau...
© Steve Bell, The Times. D'après Manet
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Le fil des jours
27 janvier 2014
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07:26
Hier dimanche, sous une pluie battante, Claudine et moi avons essayé d'atteindre Montparnasse en scooter. Impossible. Tout le quartier était bouclé. Nous abandonnons mon Piaggio à Denfert, et descendons le boulevard Raspail à pied.
Arrivés au boulevard du Montparnasse, nous croisons la manif. Comme nous devons nous rendre un peu plus loin, rue Stanislas, il faut la traverser. Nous plongeons perpendiculairement à la foule, en essayant de ne bousculer personne.
Nous nous retrouvons pris derrière une banderole « les Français pour la liberté d'expression » derrière laquelle les gens scandent « la Shoah on s'en fout ! » et « Arthur on t'encule ». Ça me glace le sang. Les commentaires anonymes qu'on peut lire sur Internet remontent désormais dans la rue à visage découvert. Les caniveaux refoulent. Je n'avais jamais encore pleinement réalisé qu'à moins d'ignorer la nature humaine, la liberté d'expression emporte nécessairement celle de proférer des insanités, de laisser libre cours à la bêtise, à la haine, à la paranoïa. J'ai honte d'être là. Je me hâte vers le trottoir d'en face.
Lorsque Claudine me rejoint, nous échangeons le même regard, chargé de la même affliction.
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Le fil des jours
25 janvier 2014
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« Je ne suis pas pour ou contre quoi que ce soit, j'aime juste me balader dans la rue avec une pancarte. » Voilà un message auquel je trouve un double mérite: celui de provoquer le sourire, et celui de révéler que l'on ne manifeste pas uniquement pour s'engager en faveur d'une cause ou pour défendre une conviction, mais aussi pour le plaisir de s'affirmer aux yeux des autres, d'être vu et entendu, de se faire remarquer.
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Le fil des jours
24 janvier 2014
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07:02
Faire un petit jogging de "décrassage". Changer les piles du micro serre-tête. Changer les piles de la guitare. Changer les cordes de la guitare. Aller chercher des rouleaux de monnaie à la banque. Imprimer le déroulé du spectacle pour les techniciens son et lumière. Valider et imprimer la liste des participants ayant acheté leur billet en ligne. Préparer un carton de CDs et de livres pour le stand à la sortie du spectacle. Prendre le "costume" de scène. Prévoir une tenue de rechange. Prendre quelques affaires de toilette (serviette, brosse à dents) et de maquillage. Manger une bonne assiette de pâtes. Rassembler les éléments du décor à emporter. Filer seul, une dernière fois, tout le spectacle.
Voilà. La check-list de ma journée, jusqu'à 15 heures, est faite. Après, je me rendrai au théâtre, et retrouverai les lieux et les personnes (Marie Christine en tête) qui me plongeront dans sa magie.
A ce soir !
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Le fil des jours
23 janvier 2014
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07:50
Encore un bel exemple de lapsus calami. Une de nos amies, célibataire, homosexuelle, et de surcroît d'un âge à avoir largement dépassé la ménopause, est cependant probablement toujours taraudée par le désir d'enfant, si j'en juge par l'invitation qu'elle nous envoie : « Si vous ovulez me faire plaisir »...
Eh bien, vous aussi, chers lecteurs, si vous ovulez vous faire plaisir, n'oubliez pas La Fontaine / Brassens vendredi et samedi au studio Raspail : la fréquentation de ces deux auteurs est toujours féconde.
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Lu - vu - entendu...
22 janvier 2014
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07:12
Se taire.
Ne pas ajouter du bruit au bruit, ni sa voix au tumulte. Éviter d'augmenter la cacophonie du monde.
Se retirer du jeu.
Marcher sur la pointe des pieds.
Se tenant ainsi à l'écart, ne pas pour autant cesser de vivre. Donner au contraire de l'intensité à chaque instant de vie. S'inspirer des fleurs.
Un poète a remarqué : « Les fleurs sont une proposition faite au silence...» Elles étalent leur couleur, exhalent leur parfum. Elles s'efforcent à la beauté, fût-elle fragile, discrète, éphémère. Les Chinois et les Japonais ont compris cela depuis longtemps. De leurs jardins, ils font des lieux de méditation et de sagesse.
Les fleurs creusent du silence dans le brouhaha du monde.
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Le fil des jours
21 janvier 2014
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07:29
Ce qui est terrible, dans tous les débats actuels (sur Dieudonné, le racisme, la bêtise, les medias, etc.) et globalement dans tout ce qui tourne autour de la question « en parler ou pas ? », c'est qu'on n'y prend jamais en compte les sciences naturelles, c'est-à-dire ce qu'on sait de la manière dont fonctionne la nature, et la nature humaine en particulier.
Dans une loi célèbre, Newton pose le principe d'équivalence entre l'action et la réaction : « Pour chaque action, il existe une réaction égale et opposée ». Or cette loi s'applique aussi à la vie sociale. En l'occurrence, elle peut se formuler ainsi : « plus X va parler de quelque chose, plus Y voudra le faire taire, ou le contredire ». Et ceci quelque soit le sujet.
Il existe cependant des sujets plus éruptifs que d'autres, en fonction de la conjoncture et de la sensibilité du moment. On peut alors assister à une amplification démesurée de la chaine des causes et des effets. Plus Y voudra faire taire X, plus X aura envie de parler, et voilà le cercle vicieux lancé, jusqu'à des hauteurs parfois stratosphériques.
Sur cette question, j'ai beaucoup aimé un blog récemment repris par Rue89, intitulé Les idées à la con progressent grâce à ceux qui prétendent les combattre. J'en recommande fortement la lecture. L'illustration ci-dessus en est tirée.
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Le fil des jours
20 janvier 2014
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07:28
On n'insistera jamais assez sur l'importance de la relecture. L'autre matin, par deux fois, alors que je méditais sur « Se tenir en joie » en écrivant sur mon smartphone, mon pouce a appuyé à côté de la bonne lettre. J'ai tapé un u à la place du i du mot joie.
« Se tenir en joue ». Cela donne à l'idée une couleur très différente. On passe de la philosophie de Spinoza à celle du général Bigeard comme un rien.
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Le fil des jours
18 janvier 2014
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07:44
« Bien faire, et se tenir en joie ». C'est une maxime de Spinoza. Comme « se tenir en joie » me plaît ! J'y entends quelque chose d'aussi simple que se tenir au chaud. Et c'est sans doute du même ordre. La joie est une flamme, il faut l'entretenir. Elle est le fruit d'un travail, et d'une volonté. Il faut choisir le bois, le tailler, ne pas mettre n'importe quoi dans le feu. La joie s'alimente d'une vision amicale du monde où, précise Spinoza, « l'on ne trouvera certes rien qui soit digne de haine, de raillerie ou de mépris ».
Ni haine, ni raillerie, ni mépris. Judicieux conseil. Atteindre la joie suppose qu'on commence par faire le ménage dans ses émotions. Pas d'impulsion, pas de stigmatisation, pas de commisération. En ces temps où, partout, et notamment sur les réseaux, la parole privée se déchaîne, amplifiée, sans retenue et sans contrainte, le rappel est utile. Les sentiments négatifs nuisent d'abord à soi.
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