"Lower Bottom" (détail) © Charlotte Yonga
Il se tient à Bagatelle, sous le titre de Circulation(s), un festival de la jeune photographie européenne. Les artistes sélectionnés exposent des "séries". L'une d'elles, consacrée à un bas-quartier d'Oakland dénommé Lower Bottom, dans l'agglomération de San Francisco, est l'oeuvre de Charlotte Yonga. Parmi quelques portraits saisissants, elle signe celui de cette femme, dont j'ai pris le détail de la tête en gros plan.
Il se dégage de ce visage un extraordinaire mélange d'étrangeté, de noblesse, de force et de beauté. On lit dans le catalogue de l'exposition : « La recherche de Charlotte Yonga interroge le rôle du portrait au sein de l’image documentaire. Soucieuse de garder en mémoire un lieu et ceux qui l’habitent à un instant précis, elle aime observer cette situation, où une personne devenant modèle, adopte une posture singulière, entre son contexte habituel et l’objectif d’une inconnue ».
Singulière est aussi la confrontation de cette photo avec le cadre du jardin. Elle est installée au pied d'un Adonis de pierre d'un classicisme impeccable. Statue contre photo, ancien contre moderne, gris contre couleur, homme blanc contre femme noire, nudité contre mauvais goût : le contraste des deux figures est parfait.