13 juin 2013
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Je me suis un jour retrouvé à pousser mon scooter, qui était en panne, vers l'atelier où il devait être réparé. Je longeais, suant et soufflant, le métro aérien, en me demandant si j'allais encore pousser longtemps, lorsque je croisai la rue Cépré.
- C'est bon, me suis-je dit. Si Cépré, c'est que ce n'est plus très loin.
Quand cette pensée m'est venue, j'ai compris que j'étais fatigué.
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Lu - vu - entendu...
12 juin 2013
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Maman est à l'hôpital. Dimanche, quand nous venons la voir, c'est la finale de Roland Garros. Tout en discutant, nous regardons la télé du coin de l'oeil. Cela n'échappe pas à Maman qui dit:
- S'il y a une veillée mortuaire dans quelque temps, je ne voudrais pas qu'on s'y occupe uniquement des sautillements de Rafael Nadal.
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Le fil des jours
11 juin 2013
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06:25
Nous étions placés derrière des jeunes filles couronnées de fleurs.
Ils ont échangé leurs consentements, se sont mis au doigt leurs alliances, et l'officiant a dit: - Maintenant, vous pouvez vous embrasser. Alors ils se sont regardés un instant avec un sourire miraculeux, et elle, si fraîche, si ravissante, lui a sauté au cou, elle a posé sa bouche sur la sienne dans un élan lumineux, et lui l'a reçue solidement, la tenant serrée dans ses bras, quinze centimètres au-dessus du sol, pour un baiser resplendissant : spontané, beau, fougueux, tendre, long, naturel. Puis les voix et les cœurs de l'assistance se sont élevés en clameur, transportés par l'évidence que flamboyait là, au milieu de tous, un moment de l'Amour du monde.
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Le fil des jours
10 juin 2013
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Levons un petit coin du voile sur le spectacle La Fontaine / Brassens qui se donne (à guichets fermés) ce soir pour la première fois. J'y ai introduit quelques curiosités, dont un inédit de Brassens, qui s'appelle le Cauchemar, et commence ainsi :
Sa Majesté n'avait pas l'air d'un Cypriote
D'un Belge, un Suisse, un Ecossais
Mais tout bonnement, hélas!, d'un d'nos compatriotes
Dans mon rêve où le roi des cons était français
Ce texte sans musique (même si l'on trouve sur le web quelques versions amateurs plus ou moins inspirées), je lui en ai donné une, que je n'ai pas cherché à faire sonner à la manière du maître, mais plutôt à la mienne, suivant en cela le conseil d'une fable de La Fontaine que l'on pourra également entendre au cours de la même soirée.
Studio Raspail, 216 bd Raspail, 75014 Paris. Avec le soutien de la société littéraire de la Poste.
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Refrains & couplets
8 juin 2013
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J'ai cité hier Jean Yanne, se réjouissant pour Cambronne qu'il n'ait pas mâché ses mots. Il avait tort. La merde devient appétissante. Un restaurant "toilettes" a ouvert il y a quelque temps au Japon. Le concept est original: on vous y sert la glace au chocolat moulée façon étron, et les sièges ont la forme de cuvettes de WC.
Bon appétit à tous !
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Le fil des jours
7 juin 2013
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Lu sur un des murs de la Charité sur Loire, que le festival du Mot orne de citations diverses, cette subtile pensée de Jean Yanne : « Cambronne ne mâchait pas ses mots. Heureusement pour lui ».
(Son fameux mot, Cambronne, par la suite, nia l'avoir prononcé. Mais, entre temps, il avait épousé une Anglaise. On sait que la paix des ménages exige parfois quelques renoncements.)
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Lu - vu - entendu...
6 juin 2013
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Nous avons passé dernièrement quelques jours « sur Loire ». D'abord à la Charité (sur Loire), puis à Sully (sur Loire) où se déroulaient respectivement le festival du mot, et le festival de musique « de Sully et du Loiret ».
Le premier nous a offert, entre autres, un remarquable spectacle de Michel Arbatz sur le testament de Villon, et une intéressante causerie sur les toponymes, où nous avons appris que les habitants de Villechien (50) s'appellent les Toutouvillais, et ceux de Poilly-lès-Giens (45) les Polissons.
Le second fut l'occasion de découvrir un extraordinaire pianiste de 21 ans. Jamais encore je n'avais vu quelqu'un d'aussi jeune pénétrer à ce point la musique, et en restituer avec autant d'intelligence et de subtilité la force, l'émotion, les nuances. Son nom: Ismaël Margrain. Celui-là, si les petites souris ne le mangent pas, on n'a pas fini d'en entendre parler.
Le programme de son concert était, entre chaque morceau, commenté par un musicologue érudit sans être pédant, et très drôle, qui nous raconta qu'après avoir entendu l'opus 111 (32è et dernière sonate pour piano de Beethoven), Wagner aurait confié, subjugué: - Voilà la musique de l'avenir. Après cela, on n'a plus qu'à devenir végétarien.
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Lu - vu - entendu...
5 juin 2013
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La langue est une invention perpétuelle. En lisant un article du Monde sur ask.fm, le nouveau réseau qui fait fureur chez les ados, je découvre l'existence du verbe balecquer (que je n'avais jusque là repéré qu'oralement).
-Ça te fait kiffer d'être insultée ?
-Je m'en balec, sa ne m'atteind pas (sic)
Le mot se présente clairement comme une contraction de « je m'en bats les couilles ». Il offre une alternative moderne aux « je m'en fous » et autres « je m'en branle », ou, moins vulgaire et plus proche phonétiquement, « je m'en balance ». Ce qui pourrait étonner ici, c'est son emploi par une fille (si le e final d'insultée veut dire quelque chose): mais au fond, quoi de plus légitime, pour signifier l'indifférence, que d'évoquer la mise en mouvement d'organes imaginaires?
Va donc pour balecquer, ou plutôt s'en balecquer. Je n'en garantis ni l'orthographe ni la conjugaison, mais ce sont là détails de grammaire dont, aujourd'hui, on se balecque allègrement.
© Tomoyo
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Lu - vu - entendu...
4 juin 2013
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Les choses se présentent parfois de manière paradoxales, car j'ai à la fois le regret et le grand plaisir de vous informer que mon spectacle La Fontaine / Brassens du 10 juin est complet. Il s'est rempli dans les trois ou quatre jours qui ont suivi la diffusion de l'information, ce qui prouve que mes deux amis font toujours recette.
Reste à faire en sorte que la joie des spectateurs soit elle aussi complète, ce à quoi Marie Christine Barrault, moi-même, et la petite équipe qui nous accompagne (Claudine, Pierre Fesquet, Yovan Josic) nous employons du mieux que nous pouvons.
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Le fil des jours
3 juin 2013
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- Tu sais ce que c'est que la vieillesse ?
- Non.
- C'est quand on n'a plus personne autour de soi avec qui évoquer sa jeunesse en lui disant : « Tu te rappelles... »
C'est Papa qui parle. Il va avoir 92 ans cet été. Avec Maman, ils sont comme les dernières feuilles d'un arbre. Le temps souffle, et ne les a pas encore décrochés. Il n'y a plus grand monde autour d'eux, sur leur branche.
© David M / www.lejapon.fr
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