
A l'origine du droit d'auteur, il y a l'exaspération de Beaumarchais de constater qu'à l'initiative de directeurs de théâtre, ses pièces se jouent, remplissent les salles, et font la fortune de leurs propriétaires sans que lui-même en retire le moindre sou. Au départ, l'idée n'est donc pas de faire payer l'auteur par le public, mais de faire en sorte que ceux qui tirent profit de l'exploitation d'une oeuvre reversent au moins une part des bénéfices à son créateur.
Or qui tire profit de la musique sur Internet? A l'évidence l'industrie des télécoms (fournisseurs d'accès en tête) et celle de l'informatique. Ce sont eux les nouveaux propriétaires de théâtre. Ce sont eux les réels profiteurs. Mais, très habilement, ils ont réussi à être absents de ce débat inepte où l'industrie musicale, se subsituant aux artistes dans la défense de leurs droits, finit par menacer de procès et de sanctions ses clients, achevant ainsi de scier avec ardeur la branche vermoulue sur laquelle elle était assise. La license globale est pourtant la seule solution.
Ces discussions sur le piratage me font aussi penser à celles sur l'ivresse au volant. Dans ce dernier cas, le patron de bistrot ou de discothèque peut être tenu pour responsable s'il a laissé quelqu'un boire plus que de raison; a fortiori s'il l'y a incité. Mais cette logique ne s'applique pas du tout à ceux qui enivrent de musique les accros du téléchargement. Les dealers, après Hadopi comme avant, seront soigneusement épargnés.