12 avril 2013
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Admirable pays que la Corée du Nord. La société ne cesse d'y magnifier sa ressemblance avec celle des fourmis, tout en mettant en évidence, de manière éclatante, la supériorité de l'homme sur l'insecte : car de massifs rassemblements d'individus, qui expriment, nous dit-on, la liesse spontanée d'un peuple (ici, à l'occasion du troisième essai nucléaire du pays), s'y forment sans que rien de chaotique ne se manifeste dans la foule, sans qu'aucun excité ne saute de joie, sans que nul ne se laisse aller aux désordres de l'exultation intempestive et ne casse l'agencement parfait de l'ensemble.
Je me demande néanmoins ce qui se passe si celui qui est en plein milieu est pris d'une soudaine envie de pisser.
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11 avril 2013
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On trouve parfois d'étranges photos sur Facebook. Celle-ci particulièrement, que j'ai baptisée Big Mother is watching you.
© Ivette Del Valle Tarrago
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10 avril 2013
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06:23
Les mentions concernant les dates de péremption qui figurent sur les emballages des produits alimentaires révèlent quelque chose des mentalités des consommateurs concernés. Là où le français écrit « à consommer de préférence avant le », ce qui induit l'idée que la consommation, passée cette date, se fait à vos risques et périls, le néerlandais indique « tenminste houdbaar tot », c'est-à-dire « se conserve au moins jusqu'au ». La formulation est objective et ne concerne que le produit. Plus positive, moins inquiétante, elle est aussi moins protectrice qu'en français, où l'on cherche à guider l'attitude du consommateur.
L'anglais dit "best before". Difficile de faire plus concis. Cependant, on ne sait pas trop si ce "best" se réfère à l'optimum de conservation du produit, ou s'il suggère le meilleur comportement de consommation. Peu importe, en l'occurrence, mais on voit que la qualité d'une langue synthétique sera d'être efficacement floue, alors que la logique des langues analytiques les contraint parfois à être inutilement précises, et à adopter, naturellement pour ainsi dire, un point de vue.
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4 avril 2013
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Le chien chie là.
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3 avril 2013
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06:25
C'est l'une des premières récitations que j'aie apprises par coeur. Elle s'appelait Liberté. L'auteur en était Maurice Carême, un poète belge contemporain, qui n'avait pas encore atteint la soixantaine à l'époque où j'étais en CM1.
Prenez du soleil
Dans le creux des mains,
Un peu de soleil
Et partez au loin !
Partez dans le vent,
Suivez votre rêve;
Partez à l'instant,
La jeunesse est brève !
Il est des chemins
Inconnus des hommes,
Il est des chemins
Si aériens !
Ne regrettez pas
Ce que vous quittez.
Regardez, là-bas,
L'horizon briller.
Loin, toujours plus loin,
Partez en chantant !
Le monde appartient
A ceux qui n'ont rien.
La liberté exaltée ici n'a pas grand chose à voir avec la liberté sociale ou politique. Elle est toute personnelle, et relève plutôt d'une révélation intime. Qui dira l'influence que les premiers apprentissages peuvent avoir sur les jeunes esprits ? J'ai l'impression aujourd'hui que ma vie a consisté à chercher ces « chemins si aériens », et à les emprunter, sans exaltation, mais tranquille et déterminé, lorsque, à trois ou quatre reprises, l'un d'eux s'est présenté à moi.
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29 mars 2013
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Bien sûr, ignorant tout de Demmin, je suis allé voir sur Wikipédia. Ce qu'on peut en lire est terrible. La ville a été le lieu du plus grand suicide de masse de l'histoire.
En 1945, les troupes soviétiques pénètrent dans l'Allemagne nazie. A Demmin, beaucoup d'habitants n'ont pas pu fuir et se retrouvent coincés dans la ville. Ils connaissent la réputation des Russes. La terreur s'empare d'eux. Une première vague de suicides a lieu avant que la ville ne tombe. Une fois prise, les atrocités redoutées sont effectivement commises. Les femmes sont systématiquement violées, les maisons incendiées, les familles massacrées. Tous ceux qui sont encore libres de leurs mouvements se tailladent les veines, s'empoisonnent, se pendent, se jettent avec leurs enfants dans la rivière. Ils tentent de s'échapper dans la mort. Ils seront des centaines à y parvenir.
Demmin, mai 1945
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25 mars 2013
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© Olivier Bonnenfant
Un ami m'envoie un texte qu'il a écrit récemment. Je l'ouvre, et trouve en exergue une citation d'Onitsura, le maître des haïkus :
« Mon âme plonge dans la mer et ressort avec le cormoran »
Ma journée est faite. J'arrête (provisoirement) là ma lecture. Mon esprit, instantanément, part et vagabonde.
Je vole. Je plonge. Je rêve. Je vis.
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18 mars 2013
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© Klaus Pichler Skeletons in the Closet
La nouvelle édition de Circulation(s), le festival de la jeune photographie européenne, se tient en ce moment à Bagatelle. On peut notamment y découvrir une étonnante série signée Klaus Pichler, intitulée "Skeletons in the closet" (Cadavres dans le placard), prise dans les réserves d'un musée d'histoire naturelle autrichien. Fouines, singes, requins, crapauds : toute une ménagerie naturalisée investit des lieux faits pour elle, où paradoxalement, dès qu'elle devient visible, elle apparaît totalement incongrue.
Ainsi ce groupe de cobras, qui ne dansent pas "au bout d'un bâton" comme les serpents de Baudelaire, mais devant des armoires métalliques et des cartons d'emballage d'ordinateurs dont ils gardent fermement l'accès. On ne sait pas trop s'ils essaient de barrer la route à la technologie future, ou s'ils se contentent d'en symboliser les venimeux dangers.
On se demande aussi si ce n'est pas le photographe, charmeur empaillé, qui les fait danser de sa flûte.
Parc de Bagatelle, jusqu'au 31 mars.
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16 mars 2013
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07:21
L'un de mes excellents amis vient d'enterrer un de ses amis, ce qui est triste.
Néanmoins, quelque chose m'a fait sourire dans la façon dont il a annoncé la nouvelle: le défunt, nous a-t-il dit, a été « victime à petit feu » d'un AVC qui, il y a quelques années, l'avait « laissé légume ». Mû par mon irréductible légèreté, j'ai songé à un pot-au-feu.
Mon ami nous apprend aussi qu'en réalité l'enterrement était une crémation : comme si, (ai-je pensé), après avoir longtemps laissé mijoter, on avait parachevé la cuisson.
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14 mars 2013
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07:06
Contrairement à une idée largement répandue, il n'y a aucune morale dans les Fables : il y a des enseignements. Ce qu'on prend pour une "morale" est en réalité l'énoncé d'une vérité qu'il est utile de connaitre. Parfois c'est un constat: « La raison du plus fort est toujours la meilleure », « Selon que vous serez puissant ou misérable...». Parfois c'est un conseil: « Rien ne sert de courir il faut partir à point», « Tâchez quelquefois de répondre en Normand ».
Dans tous les cas, les Fables nous disent: attention, voici comment sont le monde et les hommes. Ce sont des leçons de vie. Le bien et le mal n'y ont généralement aucune part. Il n'y est pas question de jugement.
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